Discours de clôture d'Emma Rafowicz - Congrès de Nancy
Seul le prononcé fait foi
Mes chers camarades, mes chers amis
La vérité c’est que je ne pensais pas que ce moment arriverait si vite.
Je l’appréhendais, tout en m’en réjouissant.
Je l’appréhendais car vous êtes devenus, au fil des années ma famille, pas seulement une famille d’idées mais une famille de cœur.
Celle que l’on se choisit, celle avec laquelle on échange, celle avec laquelle on se dispute parfois. Celle surtout, avec laquelle on grandit, avec laquelle on avance.
Vous êtes de ma famille, ma seconde famille .
Je me réjouissais aussi car il est bon de prendre de nouveaux départs, d’avancer, de passer le relais pour aller plus loin encore.
Mais d’abord, ce moment est avant tout un moment de reconnaissance.
Et j’en ai des mercis à dire !
Beaucoup alors vous allez devoir être très patients !
D’abord merci à vous toutes et tous, chers militants des Jeunes socialistes, du fond du cœur.
Nous avons grandi ensemble, nous avons combattu ensemble, nous avons gagné ensemble.
Grâce à votre enthousiasme, à votre générosité, à votre créativité, nous avons reconstruit une organisation de jeunesse magnifique, qui me manquera.
Une organisation joyeuse.
Une organisation qui agit.
Une organisation qui défend fièrement ses idées.
Une organisation qui sait faire la fête ensemble.
Une organisation qui est un cœur battant, le cœur battant du Parti socialiste.
Sans vous, rien n’aurait été possible. Je vous dois tout.
Je voudrais remercier tous ceux qui m’ont fait confiance et ont confié à la jeune fille timide, très timide que j’étais, l’avenir des jeunesses socialistes.
Certes, cet honneur n’est pas si ancien ; mais j’ai l’impression qu’une vie entière s’est déjà écoulée.
Je souhaite également avoir un mot pour tous mes compagnons de route, qui m’ont fait confiance, ont cru en moi et en notre capacité à transformer les jeunes socialistes.
Ils sont là, ici ou dans mon cœur.
Je pense d’abord à Carlos Da Silva, qui m'a accueillie lorsque j’ai poussé la porte d’une section dans l’Essonne. J’avais 16 ans. Il m’avait fait peur, parce que je collais des affiches de travers pour un meeting à Evry.
Et puis il m’a félicitée parce que j’avais corrigé le tir. L’affiche était droite. J’étais fière. J’ai compris assez vite qu’il allait être un roc pour moi. Un roc sur lequel je sais toujours m’appuyer quand le monde semble vaciller.
Je te dois tant, Carlos ; et j’espère que tu continueras de m’épauler pour l’avenir.
Je pense aussi à Danièle Hoffman-Rispal et Patrick Bloche. Je les cite ensemble car ils forment pour moi un couple qui, même s' il n’a jamais existé en sentiments amoureux, m’a guidée partout et me guide toujours.
Chaque fois que je doute, que je me questionne sur la meilleure des décisions à prendre, c’est leurs conseils chaleureux et bienveillants dont je me remémore.
Elle, la rocardienne, fumeuse de gitanes. Elle, la féministe, arrivée à Paris sans diplôme ni argent mais persuadée, à raison, que la République lui donnerait sa chance. Danièle me manque terriblement. Mais le souvenir de sa voix rocailleuse, de ses certitudes, me ramène toujours à l’impératif socialiste : celui de la transformation du réel.
Patrick, toujours à mes côtés en dépit de quelques turbulences, est mon repère dans les combats parlementaires que je mène désormais. Un phare, un exemple lorsqu’il s’agit de défendre notre exception culturelle.
C’est à lui que j’ai volé la formule “rare sont les urgences qui survivent plus d’une semaine” que je vous glisse parfois à l’oreille, animateurs fédéraux ou secrétaires nationaux des Jeunes socialistes, lorsqu’une crise vous pousse à m’appeler et à solliciter des conseils.
Tant d’autres, dans l’ombre, m’ont accompagnée au sein du Parti socialiste quand rien n’était évident, que j’avais besoin de guides bienveillants (ou pas) pour comprendre où nous étions et où il fallait aller ensemble.
Thibault Delahaye, l’ami qui “a toujours raison” avant que je le comprenne.
Baptiste Maurin, le “prudent” qui a bien raison de l’être pour nous tous.
Soraya Allam Hernandez, brillante, brillante Soraya dont la finesse d’analyse n’a d’égal que ta loyauté et ton humour.
Je ne pourrais pas évoquer ces amis de l’ombre, rarement jeunes socialistes, qui ont accompagné notre parcours sans évoquer mon ami Laurent Beauvais. Vous pouvez l’applaudir.
Laurent, quand en 2020 on m’a donné la lourde tâche de reconstruire notre organisation, et je sais que la majorité d’entre vous n’étaient pas là à cette époque, c’est toi que j’appelais très tard le soir pour réfléchir à haute voix.
Tu étais le seul à pouvoir interrompre mes pensées et beaucoup ici savent que ce n’est jamais simple. Tu m’as montré ce qu’était le parti quand même toi tu paraissais invisible pour beaucoup. Quand trop te sous-estimaient. Pour moi, tu n’as jamais été invisible. Merci Laurent.
Et puis, il y a celui sans lequel rien ne serait possible.
Le chef. Et quand je dis cela, je me moque car il n’y a pas l’once d’un autoritarisme chez ce chef la. Beaucoup de bienveillance, beaucoup d’indulgence aussi. Je ne suis ni une enfant des beaux quartiers, ni une enfant issue d’une famille d’élus. Je ne comprenais pas grand chose, mais tu m’as fait confiance.
Tu me fais confiance et je te fais confiance, totalement. Je te suis loyale, totalement. Même quand on se chamaille, c’est toujours chouette.
A l’heure où trop de leaders expriment leur narcissisme, leur ego, leur tyrannie. Olivier Faure est un homme solide, puissant et aimant. Merci
Je veux te dire merci Olivier, droit dans les yeux, merci d’avoir entrouvert une porte pour que je m’y faufile. Merci pour les combats d’hier, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain.
J’ai beaucoup réfléchi à ce que je voulais vous dire aujourd’hui. Faire le bilan ? Oui évidemment.
Et nous n’avons pas à rougir. Notre organisation était moribonde, gangrenée par les haines recuites et les violences, jusqu’à ce que nous décidions, une poignée d’entre nous ici, de recréer une nouvelle organisation de jeunesse.
Je me souviens de Blois, le deuxième, en 2020, où avec Lyes, Yvain, Basile, Samir, Joao, Louis, Angélique et d’autres, nous nous étions dit : ce n’est pas possible. On ne peut pas laisser mourir les jeunes du parti, il faut un réveil des Jeunesses socialistes.
Nous y avons passé nos nuits, nos jours, nous avons sillonné la France, la Rose au Poing, nous avons été à la rencontre de cette jeunesse qui ne voulait plus croire.
Et nous les avons convaincus comme ils nous ont convaincus aussi, de la nécessité de l’engagement, de la beauté de la réflexion commune, de la noblesse de l’action déterminée.
Ensemble, nous avons passés des moments merveilleux ; nous nous sommes amusés, au foot comme dans les fêtes.
Ma plus grande fierté fut de nous voir grandir, années après années, sans cesse plus nombreux ! Sans cesse plus joyeux et engagés !
Certains nous ont parfois moqués. Mais nous y voilà : nous sommes la première organisation de jeunesse de gauche de France et nous avançons sur le chemin de la victoire !
J’ai toujours pensé qu’il vaut mieux faire un pas ensemble que 10 pas tout seul. C’est ce que nous avons fait, jour après jour. Nous avons tenu notre rang. Nous avons créé le mouvement. Nous avons été le mouvement.
Aujourd’hui, nous sommes à Nancy .
Et je te passe le flambeau avec joie, cher Rémi.
Ce flambeau n’est pas le mien. Il ne l’a jamais été, d’ailleurs. La flamme du socialisme est celle de la masse populaire, dont je fais partie, et qui s’indigne du sort qui lui est réservé.
C’est la flamme que j’ai vu s’allumer dans tant de regards rencontrés partout en France quand nous débattions, de jour comme de nuit, de nos combats, de nos convictions, de nos controverses. Cette lumière éternelle de l’âme, ce regard qui voit toujours pour parler comme Hugo.
Cette flamme dans les yeux, je l’ai vu naître en toi, cher Yvain, toujours à mes côtés, solide et taiseux.
Quand il fallait tenir, conduire une camionnette dans la France entière au nom de la génération Hidalgo, tu l’as fait.
On en a mené tant de batailles ensemble, cela continuera.
La flamme dans les yeux de Joachim, de Joao, de Maylis, de Louis, de Garance, de Morgan, de Thibaud, de Camille, d’Alexis, d’Aurore, de Clément, de Louise, de Pauline, de Théophile, de Pierre-Emmanuel, de Lia, de Garance, de Nolwenn, d’Alia, d’Antoine, de Florent, d’Hugo, de Charline, d’Ahmet.
Des flammes dans tes yeux aussi, chers Célia et Cédric, et dans les vôtres, cher Maxime, cher Lubin.
Car, quel que soit le texte signé, l’orientation choisie, le travail réalisé, la flamme est là, et elle brûle !
Je ne peux pas terminer cette énumération sans évoquer la flamme que j’ai vu naître, quoiqu’un peu tremblante et étouffée, un jour, dans un train direction le Pas-de-Calais.
Une jeune femme timide mais terriblement drôle. Une jeune femme qui me parlait de sa famille comme d’un cadeau et d’une déchirure parfois. Une jeune femme qui m’a poussée, ce n’était alors jamais arrivé, à aller convaincre sa mère, autour d’un repas très épicé, que sa place était à mes côtés.
Ce n’était pas une demande en mariage, même si j’y vois d’immenses similitudes. Mais c’était un engagement.
Aujourd’hui, je veux remercier Amra Tajammal d’avoir permis à Anzil d’être la femme forte, brillante et indépendante qu’elle est, loin des obscurantismes et des tiraillements.
Merci, évidemment, Anzil, de m’avoir ouvert la porte de ta maison de Tourcoing, qui pour moi, à des airs de maison de Pagnol, tant son existence est un repère, quasi fondateur, dans notre parcours et dans ton envol.
Chers amis, chers secrétaires nationaux, chers animateurs fédéraux, chers camarades,
Merci du fond du cœur.
Merci pour ces années qui seront certainement parmi les plus belles de ma vie lorsqu’il s’agira de faire le bilan. Rassurez-vous, cependant, ce n’est pas pour tout de suite.
Demain, nous aurons de nouvelles victoires à conquérir. Nous sommes la génération qui, à l’aube de la vieillesse, pourra se retourner fièrement vers ses réussites.
Mais qu’allons-nous conquérir ensemble?
Alors que la droite détruit, que l’extrême droite avance, la solution de facilité, ou de la raison peut-être, semble de se satisfaire d’un statu quo tiède ; d’une complaisance avec le libéralisme, les inégalités et le repli, non pas par conviction, mais par terreur de l’alternative, par un renoncement lâche.
Je crois que nous avons en nous de construire nos victoires, fièrement.
Pouvons nous nous satisfaire de la précarité étudiante qui fait des ravages ?
Comment étudier convenablement quand on a le ventre torturé par la faim et qu’il faut choisir entre un tube de dentifrice et des yaourts ?
Le repas à un euro ? Nous l’avons fait ! Demain, nous ferons l’allocation d’autonomie qui, pour tous les jeunes, permettra enfin d’accéder à la dignité.
Pouvons-nous nous satisfaire d’un statu quo pour l’égalité des droits quand partout, on s’attaque aux personnes LGBTQIA+ ? Quand Orban interdit la marche des fiertés, quand Trump fait la chasse aux trans ? Nous, nous ferons l’égalité réelle, nous permettrons à chacun d’accéder à l’égalité. Nous interdiront les thérapies de conversion en Europe.
Pouvons-nous nous satisfaire que des présidents de région massacrent à la tronçonneuse les budgets alloués à la culture ? Que des élus censurent les créateurs en coupant des aides destinés à des films au nom d’une chasse au “wokisme” ? La gauche a fait de la culture un combat central. Demain, nous prolongerons l’héritage de Jack Lang en éradiquant la censure et en consacrant la liberté de création !
Pouvons-nous nous satisfaire que les jeunes hommes noirs ou arabes aient vingt fois plus de chance d’être contrôlés dans la rue sans la moindre raison ? Que des jeunes subissent des refus répétés dans l’accès au logement, à l’emploi ou même en boîte de nuit ? Demain, nous donnerons un nouveau souffle à la lutte antiraciste. En systématisant les récépissés de contrôle d’identité et. En créant des brigades de lutte contre le racisme et les discriminations raciales au sein des unités d’investigation des commissariats.
Pouvons-nous nous satisfaire de ces milliers d'ouvriers licenciés du jour au lendemain ? De cette liste de plans sociaux qui s'allonge au nom de l’obsession du profit ? Michelin, Auchan, Vencorex mais aussi Arcelor Mittal. Des entreprises dans des secteurs stratégiques qui ont bénéficié de milliards d’euros d’aides publiques sans la moindre contrepartie. Demain, nous mettrons fin au grand déménagement du monde en interdisant les licenciements économiques, en nationalisant les entreprises les plus stratégiques et en conditionnant les aides aux entreprises.
Tous ces combats, disons-le, procèdent toujours du capitalisme et de sa brutalité. Il n’y pas un combat social et un combat sociétal. Ces combats sont imbriqués et nous ramènent en permanence à notre lutte perpétuelle contre le capitalisme néolibéral. Contre la marchandisation à marche forcée de tous les compartiments de notre vie. Contre la prédation de toutes les ressources. Contre la perte de sens de nos vies qui ne seraient que des défouloirs pour la soif de consommation et l’enrichissement de quelques-uns. Pour la République sociale, écologique, féministe et antiraciste.
Le temps des accommodements raisonnables avec le capitalisme est derrière nous. Nous le savons, la gauche a déçu. La social-démocratie a perdu de sa radicalité originelle pour se complaire dans la croyance d’une mondialisation heureuse tempérée par la redistribution. Cette période est révolue.
Aujourd’hui je passe le flambeau, je reste une militante jeune socialiste fière qui, dans sa fédération avec Alia, dans mon équipe militante, avec Antoine et Nolwenn, fera tout pour faire grandir notre organisation, et je voudrais vous dire ce à quoi je crois par-dessus tout : je crois à la joie du combat, à la joie dans la lutte, à la radicalité joyeuse.
Que disait Léon Blum ? « Je suis un optimiste invétéré, incurable, incorrigible »
Car Léon Blum, c’est une vie de combat contre la haine due à son nom, la haine de sa judéité face à Charles Maurras qui n’avait aucune limite, lui qui évoquait « son visage de chameau et cet homme qu’il fallait abattre si possible dans le dos ».
Une vie de haine contre sa soif absolue pour la dignité de la vie et la justice sociale. La haine pour son combat contre l’Allemagne nazie et la France de Pétain. Et pourtant jamais, jamais Léon Blum ne perdit sa joie de vivre, de militer, de combattre, de gouverner. Jamais il ne perdit son sourire malicieux quelles que soient les tempêtes traversées, les attaques physiques, les insultes ou son incarcération. Léon Blum, notre héros socialiste, avait fait de la joie de sa mission son étendard et son bouclier.
Que dire aussi de Karl Marx dont la vie fut une succession de défaites et de difficultés financières, dont les écrits magistraux passèrent, pour la plupart, d'abord inaperçus avant de devenir l’un des plus grands penseurs non seulement de la gauche mais de l'ère moderne ?
Se lamentait-il ?
Adoptait-il une attitude sombre et désolée, dissertant sur l’horreur du siècle ? Non, il avançait, déterminé, car il considérait que le plus grand bonheur, c’était d’être spectateur et acteur de son siècle.
Qui sommes-nous, ici, aujourd’hui réunis, si ce n’est cette assemblée actrice de son siècle.
Cette assemblée qui croit au pouvoir de la politique pour changer la vie.
Cette assemblée qui se réjouit ensemble des victoires sur l’injustice sociale ou climatique mais ne se lamente pas parce que le mur semble trop haut.
Pour nous les amis, il n’y a aucun mur infranchissable.
Nous ne sommes pas des révolutionnaires de salon, qui citent à tout bout de champ Robespierre pour se donner une épaisseur. Encore moins des chevaliers teutoniques qui reviendraient venger la terre sainte, abattre les infidèles et protéger la sainte croix, avec ses airs graves et menaçants, presque grotesque, persuadés que seul le combat austère, les passions tristes, les costume sombres et la brutalité peuvent provoquer un changement profond de la société.
Nul besoin de conspuer, d'insulter, de manigancer des coups tordus, d’insulter ses adversaires ou de leur inventer une identité maléfique pour changer la vie.
Nous sommes la foule immense, la houle sentimentale qui rêve des jours heureux et veut les voir advenir. Sans joie, sans allégresse, il ne peut y avoir de victoire.
Que nous disait Spinoza, l’immense philosophe néerlandais ? “Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez-lui d'abord votre bonne humeur.”
Il ne s’agit pas d’être naïf ou candide, il s’agit d'avancer avec la joie du combat, la joie de notre mission, l’importance qu’elle a à nos yeux .
Nous n’avons pas besoin d’être le bruit et la fureur pas plus que nous n’avons besoin d’excommunier, de stigmatiser qui que ce soit.
Nous sommes une force qui va. Une force optimiste car, comme l’écrit Goethe, « le pessimiste se condamne à être spectateur ». Un optimisme de la volonté mais aussi de l’intelligence.
Je vous invite, chers camarades à la radicalité joyeuse, au combat intense rempli d’allégresse pour la dignité de la vie loin de la tentation austère d’une frugalité désespérante. C’est seulement cette joie, cet élan, cette allégresse qui feront se lever les français. La promesse de la vie large.
Mes chers camarades,
Je voudrais terminer ces “au revoirs”, et non pas ces adieux par une note plus personnelle.
Je m’appelle Emma Rafowicz et j’en suis fière. Oui je suis fière de mon nom, qui vient de loin, de ma famille qui a vécu dans sa chair, les migrations, les persécutions, la mort pour la plus grande partie.
Oui je suis fière de ce nom, de ma grande tante Hannah qui résistait avec les communistes de Paris. Avant d’être juive, elle était Communiste. Jamais assignée à sa religion, à sa judéité. Mais assignée volontaire à son Combat contre la barbarie nazie .
Je m’appelle Emma Rafowicz et tout en moi aspire à cette assignation :
Oui je vous autorise à m’assigner au combat pour la République sociale. La République, sa promesse d’un universalisme riche de tous les particuliers, la lutte pour la liberté, pour l’égalité, pour la fraternité.
Comme vous, comme tant d’entre vous, ma famille a fui la misère et les persécutions et elle a choisi la France. Nous avons choisi la France !
Non seulement, nous sommes Français mais le vent de la France, sa culture, sa Révolution, ses droits de l’Homme, sa laïcité et sa beauté, de ses paysages, de sa culture, ce vent souffle dans nos cœurs.
Oui, je le dis à Marine le Pen, à Jordan Bardella, à Bruno Retailleau, à Laurent Wauquiez. mais aussi à Giorgia Meloni et à Viktor Orban : nous sommes la France, nous sommes l’Europe. De cœur, d'esprit et d’âme .
La France éternelle, nous la portons, nous l’élargissons, nous la faisons advenir plus grande encore, plus ouverte encore, plus audacieuse encore !
Je m’appelle Emma Rafowicz et je sais ce que signifie d’être prise en chasse par la meute.
Mais je ne suis pas une victime et je ne suis pas une petite chose fragile. Je ne suis pas une petite chose fragile parce que je ne suis pas seule. Personne ici n’est seul chers camarades.
Nous sommes un collectif qui tient tête, qui se tient droit et qui avance, souriant, persuadé que notre bataille pour l’égalité, notre bataille pour la paix, sera victorieuse.
Nous ne sommes pas de ceux dont les idées varient en fonction des sondages ou des stratégies électoralistes et cyniques. Nous ne sommes pas de ceux qui voulons instrumentaliser les passions tristes ou les colères légitimes pour toujours plus, les réduire et enfermer.
Jeunes socialistes, nous sommes internationalistes. Nous sommes humanistes. En Palestine et en Israël, la voix des socialistes doit se faire entendre. Nous ne pouvons pas nous taire face à l’horreur, par peur que d’autres nous caricaturent ou nous haïssent. Notre combat pour la paix ne peut souffrir d’aucune absence de virgule, ne peut pas voir nos mots s’alambiquer ou se simplifier par cynisme ou par peur. Notre pensée n’est pas compliquée, elle est juste.
Comme vous, je vois un désastre. Je vois l’horreur. Lorsque je me remémore les images de ces jeunes d’Israël le 7 octobre, pacifiques, faire la fête comme vous hier soir, massacrés, abattus comme des chiens au bord d’une route, pris en otages, maltraités, violés par les terroristes islamistes du Hamas, avant de mourir ou de retrouver la liberté pour tenter de recommencer à vivre, je me souviens de nos camarades d’Utoya, assassinés il y a quinze ans par un terroriste d’extrême droite.
Lorsque je vois désormais, ces massacres atroces causés par un gouvernement d’extrême droite, suprémaciste, qui affame les populations, tue des enfants, des journalistes, détruit des vies et foule tout espoir de paix. Je me souviens de notre lutte pour la vie, qui ne reconnaît aucune frontière, aucune religion, aucune couleur de peau, aucun genre, aucune orientation sexuelle, dans son épopée vitale.
Je le redis avec tout mon être et mon cœur. Nous voulons que cesse ce carnage !
Nous voulons la paix, que deux états égaux naissent de ce drame collectif qui n’a que trop duré. Oui, il faut la fin de la colonisation, il faut la défaite de Netanyahou, il faut la fin du Hamas, il faut, maintenant, un État de Palestine !
Et si je dois passer ma vie politique à plaider ou œuvrer pour cela, je le ferai !
Notre lutte face aux obscurantistes, face aux ambassadeurs de la haine et de la mort, ne connaît pas de frontière.
Je m’appelle Emma Rafowicz, oui.
Une partie de ma famille a été raflée au Vel d'Hiv, une autre exterminée en Pologne. Je suis aussi et surtout la fille d’un artiste.
Je suis le bourgeon de cet arbre qui ne veut pas mourir.
Comme les arbres d’Israël ou de Gaza.
Comme les arbres d’Ukraine.
Comme les arbres de Téhéran, de Kinshasa, de Kaboul, de New York ou d’Alep.
Souvent, ici, nous parlons de Printemps. C’est le nom qu'avec beaucoup d’autres ici, j’ai choisi pour porter notre majorité. Victor Hugo disait qu’avec le Printemps “on croit entendre, à travers l’ombre immense et sous le ciel béni, quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.”
Tous les êtres humains aspirent à la paix et au bonheur.
Ce sont les calculs politiques et géostratégiques des empires mais aussi, en partie, les lâchetés des démocraties qui bloquent et empêchent l’établissement d’une paix durable.
À quoi bon être les plus riches du cimetière ?!
Au proche orient comme en Europe, je le redis nous voulons la paix.
(La paix !
La paix !)
Il y a pour la génération qui nous a précédé, et celle qui nous suivra, une phrase que je me remémore. Cette phrase, elle date du 17 janvier 1995.
Je n’étais pas encore née ce jour-là et pourtant, c’est l’une des premières phrases qui m’a marquée lorsque j’ai commencé à militer. Ce sont Ies mots de François Mitterrand devant le parlement européen. C’est un vœu, devant le parlement européen réuni à Strasbourg où j’ai l’honneur de siéger aujourd’hui.
Ce jour-là, il prononce une phrase inoubliable : “Il faut vaincre ses préjugés, le nationalisme, c’est la guerre”.
30 ans plus tard, c’est le retour des nationalismes et des empires .
Face à ces prédateurs qui semblent impitoyables et surtout qui semblent avancer comme des rouleaux compresseurs que rien ne semble pouvoir arrêter, je vous dis que la force d’âme, la force de l’action, la force de la détermination, la force de la jeunesse, arrêteront ces furies.
Nous sommes la foule immense qui croyons en la paix.
Nous somme socialistes
Nous sommes Européens
Nous sommes démocrates et nous croyons en la paix.
Et même si la flamme de la paix vacille, même si elle semble s’éteindre, la braise est toujours là, résistante. À nous de rallumer la flamme de la paix comme nous rallumerons tous les soleils.
À toi de jouer Rémi.
À moi de poursuivre ce chemin vers la victoire avec vous.
Vive les Jeunes socialistes !
Vive la gauche !
Vive le grand peuple de France !
Vive la République, vive la France et vive l’Europe !
Tu aimes cette page ?