Discours de clôture de Rémi Boussemart du Congrès de Nancy

Seul le prononcé fait foi

 

Chers amis,

Chers camarades,

 

Cher Olivier, chère Emma, cher Mathieu, chère Marie-José, chère Chaynesse, 

Chère Lia, cher Maxime, 

 

Chers camarades venus de la France entière, de l’hexagone et de l’Outre-mer, venus de l’Europe entière, chers partenaires des organisations politiques de gauche et des organisations syndicales venues pour ce congrès,

Je ne peux vous exprimer l’émotion qui est la mienne au moment de prendre la parole à cette tribune, devant vous, lors de ce deuxième congrès des Jeunes socialistes, en tant que président des Jeunes socialistes. 

Depuis le lancement de notre congrès il y a plus de six mois, nous avons tant accompli ensemble. 

Il faut prendre la mesure de ce qu'a été ce congrès : quatre textes, signés par des centaines de militantes et militants de toute la France, près de 60 débats qui se sont tenus dans toutes les fédérations, plus d’une centaine de bureaux de vote sur tout le territoire. C’est dans le débat, la confrontation des idées, la volonté aussi de proposer un projet stratégique pour notre organisation, que nous nous sommes collectivement élevés dans ce moment. 

La preuve : vous avez été, chers camarades, près de 2 000 Jeunes socialistes à vous exprimer lors de ce congrès ! Merci à vous ! Cette mobilisation est inédite depuis 2018 !

Je crois profondément que cette mobilisation, qui a plus que doublé par rapport au dernier congrès de 2023, prouve quelque chose.

Il s’agit bien sûr de l’aboutissement du travail de reconstruction des Jeunes socialistes, engagé depuis quatre années, et auquel je suis fier d’avoir contribué avec tant d'autres autour de toi Emma

Vous me permettrez donc d’adresser nos plus chaleureux remerciements à celles et ceux qui ont participé à cette reconstruction, et qui tournent aujourd’hui la page des Jeunes socialistes après leur avoir tant donné. Je pense à Yvain, Thibaud, Garance, Nadia…

Vous resterez, les camarades, des amis. Vous serez toujours les bienvenus chez les Jeunes socialistes. 

Merci enfin à toutes celles et tous ceux qui, avec nous aujourd’hui ou non, ont rendu ce moment possible, ont donné de leur temps et de leur énergie, parfois de leur imagination, de leurs espoirs, pour la renaissance de cette belle organisation. 

Merci aussi à Olivier Faure, notre premier secrétaire, qui a rendu cette aventure possible à un moment où plus personne ne croyait aux Jeunes socialistes.

Et surtout, surtout… Un infini merci à Lia, Maxime, Julien et tous les camarades de Meurthe-et-Moselle qui travaillent avec nous depuis des mois, et de manière particulièrement intensive ces dernières semaines, pour la tenue de ce magnifique congrès à Nancy ! 

Merci à Mathieu Klein, maire de Nancy, à Chaynesse Khirouni, présidente du département de Meurthe-et-Moselle, à Marie-José Amah, première secrétaire fédérale du Parti socialiste de Meurthe-et-Moselle, pour leur accueil dans ces belles terres lorraines !

Merci à Maylis, Anzil, Louis, Elias, Thibaud. Merci, bien sûr, à notre service d’ordre, qui nous accompagne depuis tant d’années dans tous nos événements ! Sans vous, rien n’aurait été possible !

Permettez-moi de vous raconter une histoire. C’est l’histoire d’une rencontre. Elle commence dans un TER de la région Hauts-de-France. En 2021, alors que j’étais secrétaire général de la fédération du Nord des Jeunes socialistes, je suis contacté par une certaine Emma Rafowicz, qui me propose de participer à une action de soutien à notre candidat sur une législative partielle dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais. 

Je constate qu’elle est déléguée nationale à la jeunesse du Parti socialiste. J’avais en effet entendu parler de cette nomination dans le but de reconstruire notre organisation. Alors que le MJS était en grande difficulté depuis le congrès de Bondy de 2018 que j’avais vécu, j’avais à vrai dire peu d’espoir de le voir renaître.

Mais là, dans ce TER avec Anzil, qui était alors secrétaire générale adjointe des JS Nord, nous rencontrons Emma, accompagnée de Yvain déjà à l’époque. Morgan nous rejoindra une fois arrivés à Boulogne. Elle nous parle de sa volonté et de son plan pour reconstruire une organisation de jeunesse à la hauteur de son histoire, qui milite, qui fait vivre la convivialité, qui retrouve une voix nationale. 

Je trouve l’initiative louable, mais j’avoue douter de sa crédibilité. J’avais déjà entendu ce discours plus d’une fois sans qu’il ne se concrétise. Nous passons donc la journée à militer, coller, distribuer des tracts avec notre candidat. À la fin de la journée, nous échangeons nos numéros de téléphone et décidons de rester en contact.

De cette rencontre naîtra un partenariat, une relation de travail et de confiance, et finalement une amitié

D’échanges en échanges, des réunions de la coordination nationale transitoire à l’investiture de notre candidate à la présidentielle en octobre 2021 à Lille, du conseil national de mai 2022 au congrès de 2023, nous n’arrêterons plus d’évoluer ensemble. Ce projet qu’elle m’avait présenté en 2021 gagnera en crédibilité et finira par advenir. Il faut le dire, j’ai adoré travailler avec une personne si humaine, si forte, si franche, si inspirante. J’aurai à cœur de continuer à œuvrer avec elle.

Emma, merci. Merci pour tout et bravo. Tu sais que tu seras toujours à ta place chez les Jeunes socialistes, ta famille comme tu aimes le dire.

Ensemble, avec tous les camarades engagés et au travail depuis ces dernières années, nous avons fait naître une nouvelle organisation : un lieu d’engagement, un lieu accueillant, un lieu d’espoir. Vous, chers camarades qui nous avez rejoint ces derniers mois, ces dernières années, en êtes les témoins.

Je le dis aussi à cette jeunesse, peut-être en recherche d’engagement : voyez qu’au sein des Jeunes socialistes, vous trouverez votre place. Vous trouverez un lieu de militantisme, de démocratie et de débat, de combat, de luttes, de campagnes pour nos victoires futures. 

Vous trouverez aussi, et surtout, un lieu où vos voix comptent. Car la démocratie, ce n’est pas qu’un mot, c’est une exigence. 

Enfin, cette mobilisation partout en France, elle n’aurait pas été possible sans vous, chers camarades, chères animatrices fédérales et chers animateurs fédéraux. Je sais le travail qui a été le vôtre pour organiser ces débats, pour expliquer à chacune et chacun le fonctionnement d’un processus complexe de congrès et la signification d’acronymes obscurs, pour tenir ces bureaux de vote, parfois toute une journée. 

Un grand merci à vous toutes et tous, vous qui avez fait vivre notre démocratie interne, vous qui animez nos fédérations au quotidien, qui organisez le terrain, la rencontre avec les Françaises et Français, qui alertez les jeunes sur la nécessité de s’engager, qui tissez des liens avec les collectifs et associations locales. Merci pour le rayonnement que vous donnez aux Jeunes socialistes ! Bravo à vous !

Que les Jeunes socialistes puissent revivre, reprendre autant de vigueur à ce moment n’a rien d’anodin. La jeunesse, au sein des partis politiques et en particulier au sein du Parti socialiste, a toujours su émerger et prendre sa place dans des moments de troubles. A des instants où devenait nécessaire la concrétisation d’un souffle nouveau. 

Attardons-nous quelques instants sur ce moment, sur l’époque. Alors qu’il sera panthéonisé dans exactement un mois, j’aimerais reprendre l’analyse de Marc Bloch, cet historien, ce personnage de l’histoire de France, ce résistant engagé contre le régime de Vichy. Il était autant théoricien que praticien de l’époque. Enfant de la République, il a démontré que l’histoire est cet art de rappeler aux femmes et aux hommes du présent leur capacité d’agir en société. Elle nous inspire, cette histoire. 

Nous la ferons vivre, cette histoire. Car si certains souhaitent la faire taire, nous continuerons à la porter. À l’enseigner. C’est la mission qui nous est assignée, celle qui fera vivre la mémoire et l’engagement de Samuel Paty et Dominique Bernard, lâchement assassinés car vecteurs de cette transmission. Partout, les totalitarismes cherchent à effacer l’histoire. Pourquoi ? Pour nous perdre, pour que nous abandonnions toute boussole.

Aujourd’hui, les unes des journaux défilent, les expressions sur les réseaux sociaux sont de plus en plus rapides, le règne de l’instant et du feuilleton semble tout dévorer. Nous vivons une crise de l’imminence, où tout appelle à réagir maintenant, tout de suite. Chacun se laisse emporter par l’ivresse du commentaire. L’intensité de l’instant finit par effacer le passé. Toute nuance semble proscrite car pas assez percutante. 

Alors, camarades, laissons les commentaires aux commentateurs. Peu importe des « qu’en dira-t-on ». Peu importe les attaques. Elles n’entameront pas notre détermination à porter ce que nous sommes, ce pourquoi nous nous battons au quotidien.

La politique se nourrit de l’histoire. Ce sont des luttes politiques qui ont bâti la France telle que nous la connaissons. Ces luttes, elles s’inscrivent dans un continuum, dans un long mouvement. 

Le code du travail moderne, qui vise à protéger les salariés, est le résultat de conquêtes successives des travailleuses et travailleurs. Il part de la reconnaissance du droit de grève en 1864, il intègre les acquis du Front populaire de 1936, les congés payés, la réduction du temps de travail, il débouche sur les 35 heures de la loi Aubry. 

Les luttes pour l’égalité entre les femmes et les hommes sont le fruit d’une prise de conscience, avec la loi de 1907 accordant aux femmes la liberté d’user de leur salaire, avec le droit de vote obtenu en 1944, et jusqu’à la constitutionnalisation de l’IVG l’année dernière. Ces victoires ne peuvent se contenter d'elles-mêmes, alors qu’en 2025, on dénombre déjà 48 féminicides. 48 femmes tuées sous les coups de leur conjoint. 

Cette forme des luttes, c’est aussi celle pour l’égalité peu importe l’origine réelle ou supposée, contre l’essentialisation des êtres. Notre combat contre toutes les formes de racisme, contre l’antisémitisme, a forgé notre histoire. Il est la concrétisation de notre idéal d’égalité. Il lutte contre la violence et prône la concorde dans la société.

Il s’agit aussi des luttes pour le droit d’aimer librement, avec la dépénalisation de l’homosexualité en 1982, le PACS de 1999, et enfin le mariage pour tous de 2013. Des luttes, au final, pour le droit d’exister. Car qu’est la vie sans amour ?

Et au lendemain de la journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, nous voyons bien le chemin qui reste à parcourir. Car tant qu’il existera encore des agressions, des discriminations, tant que les thérapies de conversion continueront d’exister en Europe, la lutte devra, elle aussi, continuer.  

Tant de luttes pour ces victoires. Mais tant encore à mener pour changer la vie. 

Je crois profondément que nos luttes devront s’ancrer dans celles qui nous ont précédé. Pour autant, s’ancrer dans l’histoire ne doit pas signifier se contenter de défendre des acquis. Nous avons à prendre appui sur nos luttes passées, d’apprendre de nos échecs, mais nous avons aussi à penser les luttes qu’il nous revient aujourd’hui de porter, et de la manière dont il nous semble juste de le faire. 

Cet ancrage dans nos luttes historiques est d’autant plus important que le monde dans lequel nous vivons fait désormais fi de toutes les évidences. Il est en effet des époques où l’on a le sentiment que les bases même sur lesquelles est assis le monde et la société s’effritent. Nommer le temps, c’est le politiser. Cette mission nous revient. 

C’est la raison pour laquelle, chers camarades, nous nous retrouvons dans ce parti. La raison pour laquelle nous avons fait le choix de l’engagement. Pour tenter, à notre échelle, d’agir sur le temps.

Les nouvelles inégalités, nourries par le capitalisme prédateur et la pauvreté qu’il suscite, le changement climatique et la destruction du vivant, la violence qui s’exprime partout dans la société et dans les échanges humains, les discriminations qui ne se tarissent pas… Il y a dans ce temps les symptômes d’un système et d’un ordre des choses qui ne parvient plus à créer l’équilibre. 

Les événements internationaux parachèvent cette observation : lorsque les alliances forgées il y a plus de 80 ans se délient, lorsque les crimes de guerre et les crimes contre l’Humanité refont surface en Europe et au Moyen-Orient, nous devons nous interroger. Nous devons refuser de laisser le fil de l’histoire se dérouler sans réagir. 

Alors que nos repères disparaissent, toute la population partage ce sentiment d’aller vers le pire. Certains l’expriment en votant pour des conservateurs, voire des réactionnaires, par nostalgie d’un passé fantasmé. Face à l’effondrement de toutes les espérances, ils décident de tout faire basculer. Ainsi naît le vote si large pour l’extrême-droite. De la croyance que la démocratie n'est plus le meilleur moyen de réguler la société.

Le vote pour l’extrême-droite se nourrit de cette volonté, de cette nécessité, du changement. Elle se nourrit aussi de ces préjugés, parfois racistes, que nous combattons par la défense de la tolérance et de la concorde. 

Car les gens sont fatigués, épuisés, veulent voir les choses changer. Peu importe le coût, peu importe les conséquences. Et pourtant, les solutions de ces extrême-droites sont fausses. Elles ne changent pas la vie, elles endorment le peuple dans une tendre illusion. Et pendant ce sommeil, elles excluent, elles violentent, elles cassent.

La colère est muette mais s’étend, et elle finira par surgir d’autant plus violemment qu’elle est méprisée et réprimée. C’est donc à la gauche et aux socialistes, à nous Jeunes socialistes, d’entendre cette colère et de la faire nôtre, de porter un projet de rupture pour un nouvel équilibre au service des femmes et des hommes, protecteur de la nature. Nous appelons ce projet : le socialisme écologique.

Pourquoi le socialisme écologique ? Je pense que cette expression synthétise ce que j’évoquais jusqu’ici : une ligne qui prend racine dans les luttes de ceux qui nous ont précédés, et qui s’adapte au monde d’aujourd’hui et à ses mutations.

Lorsque Antonio Gramsci décrivait sa perception de la lutte des classes, depuis la prison dans laquelle Mussolini l’avait enfermé, il décrivait bien cela : la nécessité de faire converger la nouveauté des luttes de l’époque et le sens commun attaché aux événements du passé qui forgent notre identité collective.

Le socialisme écologique, c’est une doctrine offensive. Il ne s’agit pas d’une social-démocratie verdissante, pas plus que d’un vestige du XIXe siècle auquel on aurait accolé l’adjectif d’écologique. Non, il s’agit du point de départ de nos luttes à venir, de l’horizon vers lequel nous sommes appelés à avancer. Il est celui d’une société où l’humain et la nature sont replacés au centre. Où les valeurs financières et marchandes sont repoussées tout en bas de l’échelle des priorités. Où la santé, l’éducation, le bonheur en fait, sont des objectifs politiques explicites et atteignables.

La logique marchande et économique a tout corrompu dans notre société, jusqu’à la conscience des individus. Aujourd’hui, il faudrait sans cesse maximiser son gain dans une société où la solidarité n’existe pas puisque tout calcul est individuel. Le collectif, le commun, disparaît ainsi des consciences et laisse place à une course effrénée vers la consommation.

Tout cela participe à un même mouvement qui conduit à l’isolement de l’individu. De l’isolement naît la solitude, la violence, la colère, l’anxiété. Notre époque est pétrie de ces maux, auxquels il nous revient de trouver le remède. Ce remède, il doit reposer sur ce qui nous unit au quotidien : le lien.

Comment recréer du lien dans ces conditions me direz-vous ? Comment aller contre cette marche en avant de l’individualisme égoïste ? Il nous faut un outil puissant, un outil de transformation. Cet outil, il ne peut s’agir que de la puissance publique, de l’État. Notre combat, ce sera donc celui du renforcement de l’État. Le renforcement d’un État juste et redistributeur par les services publics qu’il met en œuvre.

Jeunes socialistes, nous refuserons de voir être détricoté ce joyau français que le monde nous envie, un État fort et redistributeur avec la sécurité sociale, alors qu’il est attaqué par les libéraux de tous bords. Nous défendrons cette protection sociale, nous la renforcerons !

Nous proposons d’en élargir la base, d’en faire un outil beaucoup plus puissant de lutte contre les inégalités. Alors que la reproduction sociale des inégalités conduit les plus pauvres à avoir une espérance de vie de 13 ans — 13 ans, il faut se rendre compte ! — plus courte que les plus riches, nous devons agir. Car ce constat est choquant et inacceptable.

Surtout, jeunes socialistes, nous devons toujours tenir haut le front de la lutte. Constatons que, de toutes les catégories de la population, il en reste au moins une qui est absolument et totalement exclue de la solidarité nationale qu’exprime la Sécurité sociale : la jeunesse. Les jeunesses sont laissées à elle-même, devant se débrouiller, dépendantes de la solidarité familiale dont on connaît l’aléa mais aussi la capacité à reproduire les inégalités.

Jeunes socialistes, nous proposons donc que soit créée une nouvelle branche de la Sécurité sociale, qui financerait une allocation d’autonomie pour la jeunesse. Il s’agit d’un impératif de confiance envers la génération qui vient. Il s’agit aussi d’une exigence lorsque l’on sait qu’un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim, que le mal-logement est devenu la normalité, que le taux de pauvreté progresse chez la jeunesse. Il s’agit, enfin, d’une main tendue à toutes celles et tous ceux qui ne croient plus que la politique peut changer la vie.

Nous battrons cette idée en brèche, nous raccrocherons toute cette génération à l’idéal de transformation de la société par l’engagement et le choix politique. C’est l’objectif que nous nous assignons.

Notre force, c'est d'allier une représentation nationale forte — et qui a été multipliée par deux en 2024 ! —  et un ancrage local construit depuis des dizaines d’années. Nous ferons vivre cette vieille idée mais qui n’a pas perdu de son sens aujourd’hui : le socialisme municipal. Et c’est un nordiste qui vous le dit. Le socialisme municipal a façonné nos villes, nos politiques publiques, la vie en société.

Le socialisme municipal, c’est une idée simple à résumer : construire une majorité sociale pour servir l’intérêt de tous, et surtout de ceux qui ne peuvent se défendre eux-mêmes. C’est placer l’égalité au centre de tout pour concrétiser notre idéal de liberté.

Le socialisme municipal, c’est aussi une réponse à l’agrandissement infini du monde marchand. C’est dire que la sphère privée doit être écartée de certaines activités qui ne peuvent être accaparées par les profits, à l’instar de la distribution d’eau ou d’électricité.

Et face à une crise silencieuse mais particulièrement violente qui nous touche toutes et tous, la crise du logement, le socialisme municipal suppose de soustraire à la logique marchande un bien essentiel qu’est le fait de se loger dignement.

A toutes les échelles, et nous porterons cette exigence en 2026. Par une plateforme programmatique et en soutenant, partout, les Jeunes socialistes qui, candidates et candidats, porteront ces idées.

Et aujourd’hui, nous ne pouvons nous contenter de reforger. Nous devons réimaginer. Le socialisme municipal devra être écologique. Le socialisme municipal écologique qui devra voir le jour en 2026, mettra l’accent sur des transports gratuits, accessibles à toutes et tous, luttant contre la pollution atmosphérique tout en garantissant la liberté et l’émancipation. Il préparera l’éventualité de catastrophes climatiques qui frappent déjà, en forgeant une alliance de l’intérêt général territorial face aux compagnies d’assurance en recherche de nouveaux profits. Il participera à la transition climatique, mais dans la justice sociale !  

Je crois profondément que ces preuves que nous apporterons au plus proche s’inscriront dans le récit que nous portons comme socialistes. Ce récit que nous devrons continuer de tenir dans les prochaines années. Ce récit qui devra aussi être le nôtre en 2027.

La résignation n’est pas dans notre nature, et nous ne sommes pas de ceux qui pensent qu’en 2027, le jeu est fait. Nous pensons au contraire qu’il est possible de refermer ce cycle de montée inexorable de l’extrême-droite en France. Tout dépendra de nous, des socialistes et de la gauche.

Bien sûr, cette gauche devra être unie. François Mitterrand disait “hors du rassemblement des forces populaires, il n’y a pas de salut”. Je vois ici et là celles et ceux prétendant que les socialistes seuls n’auraient qu’à exister, revendiquer leur identité, pour incarner l’alternative. L’histoire leur donne tort. Non pas seulement l’histoire longue qui forge les luttes, mais l’histoire même des socialistes.

Lors du congrès du Globe de 1905 que nous commémorions il y a peu, c’est bien l’unité qui fut constituée pour faire naître la SFIO ! C’est ça notre histoire, non pas l’émiettement mais bien la constante volonté de rechercher ce qui nous rassemble pour servir et faire gagner nos idéaux. Face aux claniques et aux sectaires, y compris à gauche — et nous en sommes les témoins à l’aune des nouvelles publications littéraires —, nous devons incarner cette maison commune où chacune et chacun a sa place.

Oui, l’espérance n’est pas morte dans ce monde. La mission de la gauche s’oppose à cette extrême-droite charognarde qui se nourrit des passions tristes. Au moment où l’horizon semble si sombre pour beaucoup, à nous de chasser les nuages et démontrer que le soleil peut briller à nouveau !

Pour cela, nous serons toujours très clairs. Nous l’avons toujours été. Nous dénoncerons tous les autoritarismes, tous les essentialismes. C’est en continuant à vouloir unir la gauche que nous la rendrons exemplaire. Que nous attirerons vers nous celles et ceux qui partagent nos idéaux, même s’ils proviennent d’une autre organisation, d’un autre parti. Nous ne transigerons avec rien de ce qui forge notre histoire, de l’universalisme, des luttes antiracistes et de la lutte contre l’antisémitisme. 

Oui, nous sommes les héritières et héritiers de la pensée de Voltaire sur la tolérance, lorsqu’il s’élevait contre les exactions à l’encontre des protestants. Oui, nous sommes les héritières et héritiers des dreyfusards lorsqu’ils dénonçaient l’antisémitisme ayant conduit à la condamnation de Dreyfus parce que juif. Oui, nous sommes aujourd’hui combattantes et combattants contre la haine visant les musulmans du fait de leur croyance. Parce que la République garantit l’égalité pour toutes et tous, peu importe leurs croyances, leurs origines. C’est la force de cette croyance inébranlable en l’universalité de la valeur humaine.

Nous partageons toutes et tous une commune humanité. Elle transcende tout. Toutes nos différences. Elle est aveugle sur notre origine, sur notre religion, sur notre orientation amoureuse. C’est cette humanité qui est attaquée lorsque Aboubakar Cissé, jeune et musulman, est assassiné dans un acte islamophobe terrible.

L’extrême-droite menace avec la contre-révolution de l’inégalité des droits et les discours conduisant à la violence. Elle se drape dans un faux discours social pour avancer à pas feutrés. Notre mission, en Jeunes socialistes, devra être de démasquer les mensonges. Car il ne suffit jamais de balancer à la face de ses adversaires politiques des noms du passé, fussent-ils chargés de la plus horrible des histoires, pour leur nuire. 

Nous exposerons ce qu’est réellement l’extrême-droite. L’impasse qu’elle constitue pour celles et ceux qui souffrent. Nous investirons également tous les territoires, pour participer à ce réancrage de la gauche, partout, et non seulement dans les métropoles.

Depuis le Nord de la France jusqu’au Sud, de l’Ouest jusqu’à l’Est, nous connaissons cette souffrance. Et ici à Nancy, dans la région Grand-Est, je dois dire que je vois beaucoup de similitudes avec ce territoire que je connais si bien du Nord. Passée de fierté de la France pour son patrimoine industriel, ses hauts fourneaux qui fournissaient toute l’Europe, ses usines employant des milliers d’ouvrier partout sur le territoire, cette région et ses habitants partagent désormais l’amer sentiment d’avoir été oubliés, laissés à eux-mêmes. 

Lorsque ferment en 1979 deux hauts fourneaux à Longwy, alors qu’ils structuraient l’emploi et la vie de la région depuis 1918, c’est une partie de ce qui fonde la fierté du territoire du s’effondre. Alors que nous étions, avec Olivier Faure, Marine Tondelier, François Ruffin, à Dunkerque le 1er mai pour dénoncer les suppressions d'emplois chez ArcelorMittal, faisons nôtre cette fierté ouvrière. 

Nous la défendons, nous refusons de céder à la désespérance. La désindustrialisation a créé un vide dans notre pays, a plongé des millions de familles dans l’impasse. Mais il n’est pas trop tard.

Nous rendrons à nouveau fiers les Françaises et les Français. Pas par l’exclusion de ceux qui viennent d’ailleurs, mais par la construction d’un destin commun et partagé. Pour vivre mieux. Notre identité, nous démontrerons qu’elle ne se renforce pas en excluant, mais en construisant. Que si quelque chose doit nous définir, ce sont les montagnes que nous arrivons à soulever ensemble, et non les murs que nous construisons face à d’autres.

En Europe, voici la parole que la France doit porter. Car, nous ne sommes pas aveugles. Nous voyons bien que les questions d’identité, de fierté, que la montée de l’extrême-droite dépasse les frontières. À un phénomène européen, donnons une réponse européenne. La réindustrialisation devra être européenne, tout comme le renforcement de la puissance publique, de l’État, tout comme la défense de notre modèle de protection sociale.

L’Europe a une voie singulière dans le monde. Alors que partout semblent prédominer les excès, nous incarnons un pôle de stabilité, de quiétude. Cette Union européenne, elle se fonde sur notre culture philosophique commune, sur la conscience de notre histoire faite de sang et de larmes. L’Europe a érigé l’État de droit et la défense des libertés publiques comme élément fondamental car il s’agit de ce qui garantit la permanence d’une civilisation basée sur l’égalité et la concorde. 

Notre modèle démocratique, l'État de droit en Europe, est menacé. Ce n’est plus un risque, c’est une réalité. Les attaques ne sont plus larvées, elles sont franches, directes. Elles visent les juges, ces gardiens de la liberté individuelle, celles et ceux qui luttent contre l’arbitraire, ces magistrats qui au quotidien appliquent l’égalité par la loi et le droit.

Dans les grands déséquilibres du monde, l’Europe devra tenir sa promesse, au risque de disparaître. Elle doit défendre, avec toute sa puissance, le peuple ukrainien face à l’agression russe. Face aussi, aux égarements des États-Unis.

L’Europe devra aussi défendre l’humanité par des actes. Et cette humanité, elle est oubliée lorsque l’indifférence est la règle dans les chancelleries, partout dans le monde, face au massacre qui a lieu à Gaza en ce moment même. Combien de milliers de morts supplémentaires faudra-t-il avant que les actes suivent les paroles ? Combien d’alertes des instances internationales, qui pointent pour certaines le risque d’un génocide, pour que les pays, notamment occidentaux, ne fassent cesser ces crimes de guerre et ces crimes contre l’humanité ? 

La France et l’Union européenne, quand bien même les États-Unis de Donald Trump restent aveugles à cette réalité, ont le pouvoir d’agir. Nous le disons : si les socialistes et la gauche étaient au pouvoir, l’État de Palestine serait reconnu par la France, l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël serait suspendu, aucune arme létale ne pourrait être livrée à Israël. 

Si nous croyons en la force et la vertu des démocraties, nous devons être capables de stopper celles qui s’engagent sur le chemin de la trahison, à leur idéal et à leur histoire.

Voilà, chers camarades, notre horizon. Voilà quelques combats qui seront les nôtres. Je sais que ce ne seront pas les seuls, car chez les Jeunes socialistes, nous regorgeons d’énergie, d’envie, pour investir tous les sujets, aussi intemporels que la question du temps de travail, ou bien surprenants mais nécessaires, à l’image de la question de l’alimentation ou de l’eau.

Nous avons désormais une organisation vivante, rassemblée, dynamique. Mais nous devons la hisser à un niveau supérieur. Le monde change, nos pratiques doivent évoluer. Il nous faut une organisation qui soit à la hauteur de l’urgence démocratique, à la hauteur de l’exigence militante, à la hauteur de notre ambition politique.

Les Jeunes socialistes, notre organisation, seront l’outil politique pour mener ces combats. Tout comme nous l’avons reconstruit, nous la renforcerons. Nous en ferons une structure qui s’organise pour répondre aux urgences du moment. Une structure autonome. Une structure qui donne à chaque jeune l’opportunité d’apporter sa pierre à l’édifice de nos luttes communes. Ces prochaines années et ces prochains mois, nous aurons de forts projets à faire advenir. Ils permettront aux Jeunes socialistes, partout, d’être prêts.

Nous devrons être prêts en mobilisant la jeunesse. C’est par la mise en œuvre d’une politique de formation universelle, déclinée territorialement, que nous ferons des Jeunes socialistes une organisation accueillante. Chaque militante et chaque militant de notre organisation pourra profiter de formations dès son arrivée sur l’histoire du socialisme, sur la prise de parole en public, sur la rédaction de textes de doctrine, sur le fonctionnement de nos institutions. C’est ainsi, en faisant de notre organisation un lieu d’apprentissage de la citoyenneté, que nous serons ouverts à toutes et tous, que nous diversifierons nos profils, nos parcours. C’est en revalorisant l’éducation populaire, l’apprentissage entre pairs, en étant un lieu de découverte, que les Jeunes socialistes se réaliseront.

Nous forgerons une nouvelle génération de conquérantes et conquérants, sur tout le territoire, avec notre Académie des Jeunes socialistes. Tout comme est née la génération d’Épinay après ce congrès de 1971, notre tâche est de faire naître la génération qui partira partout convaincre, rencontrer, mener la bataille culturelle et la bataille électorale pour la gauche et le socialisme. 

Le militantisme et le terrain seront au centre de notre action. Notre organisation devra continuer de se tourner vers l’extérieur. Vers les jeunes dans leur globalité, mais aussi dans leur diversité. Vers les collectifs de la société civile organisée, vers les associations, les syndicats. Mais nous aurons aussi à innover, à interpeller les citoyens, à dénoncer ce qui doit l’être le plus fortement possible. 

Cette bataille culturelle, nous la mènerons aussi sur le terrain des idées, sur le terrain médiatique. Nous ferons rayonner nos idées au-delà de nos murs. 

Mais surtout, une organisation de jeunesse socialiste ne peut être crédible que si elle est à l’image de la société qu’elle défend. Ainsi, dans la droite ligne du renouvellement des pratiques que nous avons mené ces dernières années, nous continuerons à renforcer notre exigence sur les comportements. Nous ferons de l’égalité, entre toutes et tous et en particulier entre les femmes et les hommes, une évidence.

Le combat contre toutes les formes de violences, et notamment les violences sexistes et sexuelles, ne s’arrêtera pas. Il sera de plus en plus strict. 

Les femmes de notre organisation, vous chères militantes, vous êtes indispensables ! Votre parole, votre vision de la société, vos expériences et vos parcours, nous les valorisons, à la hauteur de la richesse que vous apportez apportent. 

Notre volonté sera plus que jamais celle de la disparition de toute forme de domination dans notre organisation, tout comme nous souhaitons la fin de toutes les dominations dans la société.

Cette exigence que nous avons pour les Jeunes socialistes, nous la porterons au sein du Parti socialiste. Car il ne s’agit pas d’une question de génération, mais d’une question de prise de conscience. Non, nous n’attendrons pas pour avoir un parti dans lequel la violence disparaît. Nous savons que cette volonté est partagée par la direction du Parti socialiste, et nous saluons les initiatives engagées dans ce sens. Chers aînés, vous pourrez compter sur les Jeunes socialistes pour participer à ces transformations internes.

Vous pourrez par ailleurs compter sur les Jeunes socialistes pour participer à la transformation du Parti socialiste dans son ensemble. Autant dans le renouvellement des idées qu’il porte que des outils militants qu’il met en place pour les faire valoir. Nous serons aux côtés de nos parlementaires dans les batailles politiques, nous serons aussi force de proposition. Nous serons exigeants mais aussi travailleurs et responsables, car l’un ne va pas sans l’autre.

Aussi, alors que l’histoire du Parti socialiste s’écrira dans les jours qui viennent, et que chaque militant des Jeunes socialistes est appelé à y prendre part, je pense que le message exprimé lors de notre congrès est clair : nous refusons tout retour en arrière ! Nous voulons continuer d’avancer, d’œuvrer pour un parti socialiste au cœur de la gauche. Depuis 2018, tant a été fait. Désormais, les socialistes ont relevé la tête. Tant est encore à faire, mais je crois sincèrement que la voie empruntée jusqu’ici a fait ses preuves. 

Ma première manifestation, c’était en 2016 contre la loi travail. En 2017, j’adhérais à un Parti dans lequel je voyais de l’espoir, au sein duquel je voulais faire entendre ma voix pour qu’il ne connaisse plus de telles dérives. Camarades, faites entendre votre voix. La voix de la jeunesse a trop souvent été écartée. Demain, elle devra être centrale.

Chers camarades, vous pouvez compter sur moi et sur l’équipe qui m’entoure pour faire entendre votre voix. Dans cette équipe, j’aurai un immense plaisir à pouvoir compter sur Maylis Quivy, que vous connaissez toutes et tous, pour assurer la charge de secrétaire générale. Elle a toute ma confiance, nous avons tant fait ensemble et nous aurons encore tant à faire ensemble.

Faire entendre la voix des Jeunes socialistes, c’est la mission que vous m’avez confiée, elle m’honore et elle m’engage. Je compte sur vous ! Enfin, le placerai le début de ce nouveau mandat sous le signe de ce poème de Victor Hugo, qu’il écrivit lors de son exil, prophétisant un avenir heureux et la fin de la tyrannie : 

 

Oh ! voyez ! la nuit se dissipe.

Sur le monde qui s'émancipe,

Oubliant Césars et Capets,

Et sur les nations nubiles,

S'ouvrent dans l'azur, immobiles,

Les vastes ailes de la paix !

 

Au fond des cieux un point scintille.

Regardez, il grandit, il brille,

Il approche, énorme et vermeil.

O République universelle,

Tu n'es encor que l'étincelle,

Demain tu seras le soleil !...

 

Ensemble, camarades, continuons, militons, engageons-nous, ne lâchons rien ! Soyons cette étincelle qui, demain, rallumera tous les soleils !

 

Vive les Jeunes socialistes,

Vive le socialisme et son parti,

Vive la République, et vive la France !

Les Jeunes Socialistes

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On veut vivre mieux !