Seul le prononcé fait foi.

 

Chers amis, 

Chers camarades,

Quel plaisir de nous retrouver à Alfortville aujourd’hui pour le lancement du Forum européen des Jeunes de la NUPES !

 

Soyons clairs dès le départ : cet espace de discussion en vue des élections européennes de 2024, cela fait des mois que la jeunesse de gauche l’attend, et même au-delà, la gauche et les Français.

 

Quel est le sens de s’engager dans un mouvement politique, quel est le sens de défendre des valeurs, si nous refusions de les confronter, de les échanger ? Cela suffit des querelles de chapelles s’appuyant sur des stratégies ridicules pour tenter de tirer individuellement son épingle du jeu. Aujourd’hui nous disons à nos aînés, cela suffit !

 

L’acte que nous lançons est un acte collectif de courage et de salut pour la gauche, mais encore plus pour l’Union européenne. Car l’Union européenne a besoin de la gauche et elle a besoin de rupture.

Nous avons besoin de rompre avec l’austérité, nous avons besoin de sortir de la vision des nationalistes, nous avons besoin de sortir de la cécité face à ces milliers de femmes, d’enfants et d’hommes qui sont emportés par les eaux de la Méditerranée du fait de notre lâcheté collective !

 

Mes termes sont forts, clairs, mais pesés. Ils démontrent que les Jeunes socialistes ne se résigneront jamais. Jamais nous n’abandonnerons ce sentiment de révolte face aux injustices, en France, en Europe et dans le monde, car il a participé à définir notre engagement et nos luttes. 

 

Je le dis d’autant plus que vous le savez, les socialistes reviennent de loin. Grâce à Olivier Faure et le choix courageux qu’il a fait de rejoindre la NUPES, les socialistes l’ont dit : par le passé, nous nous sommes trompés, mais plus JAMAIS ! Et nous ne laisserons pas nos aînés revenir à leurs mauvaises habitudes.

 

Des mots forts, nous allons encore en avoir besoin. Car ce que nous lançons, c’est un travail programmatique inédit des organisations de jeunesse de gauche. 

 

Jamais les organisations de jeunesse des partis politiques de gauche n’avaient ainsi porté un tel projet que de créer un cadre de discussion stable pour préparer une échéance électorale majeure. 

 

Et à ce titre, je souhaite remercier tous mes homologues des autres partis de gauche, écologistes, insoumis, de Génération.s, qui ont accepté d’engager ce processus commun. 



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Je suis socialiste. Je suis de gauche. Je suis donc indéfectiblement attachée à l’Union européenne. Pas seulement parce que c’est notre famille politique qui l’a modelée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Mais parce que c’est elle qui nous permettra de reprendre en main notre futur. Ce qui a fait la grandeur de la France, dans son histoire – et je parle là depuis des siècles – ce sont les liens qu’elle a réussi à construire avec d’autres nations pour porter des projets communs.

 

Alors oui, en socialiste je le dis ici aussi : l’Union européenne doit être transformée. Nous ne pouvons pas nous contenter d’une Union européenne qui ne fait que garantir le plein exercice des forces du marché. Nous ne pouvons pas laisser faire une Union européenne au service des intérêts des grands financiers, des fonds de pension, des profiteurs du système. Car ce sont les mêmes qui, en France, nous oppriment. Et quel meilleur outil que l’Union européenne pour reprendre le contrôle de nos vies ? 

 

Nous le savons : la France ne luttera pas seule contre l’évasion fiscale. La France n’engagera pas seule la transition écologique. La France ne sécurisera pas seule son industrie. La France ne protègera pas les droits humains seule. 

 

Mais à l’heure actuelle, l’Union européenne ne le fait pas non plus. Ou du moins, pas assez. Alors, les amis, les choses sont simples : changeons l’Union européenne comme nous avons la volonté de changer la France ! Partout, notre vision et nos combats sont les mêmes. Notre combat, avec la NUPES, en France lors des élections législatives serait vain si nous ne tentions pas de le porter dans toute l’Europe !



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Mais encore faut-il définir ces combats communs. J’entends les commentateurs de la vie politique dire que le programme des socialistes et des insoumis est incompatible dans leur lecture des traités. J’entends des fantômes de la gauche nous dire, avec leur flegme, que nous ne serions pas sérieux. 

 

Mais ce qui n’est pas sérieux, chers camarades, c’est de se dire que parce que nous sommes différents, nous ne pouvons pas partager un socle de valeurs pour changer la vie. Je crois profondément que, comme les socialistes ont changé depuis ces dix dernières années, les insoumis pourront changer, les écologistes pourront changer. Ensemble, sans que personne ne soit lésé, sans que personne ne soit effacé, nous allons converger. C’est le sens de l’histoire de la gauche : la convergence des idéaux pour leur permettre de se rapprocher du réel.

 

Je le dis aussi. Ce qui n’est pas sérieux, c’est de laisser des éléphants responsables de notre chute décider de notre avenir. Restez dans vos salles sombres, dans vos chuchotements : nous ne voulons plus vous entendre. Vous nous avez fait perdre, laissez nous gagner ! Vous avez choisi Créteil, nous sommes à Alfortville ! 

 

Aujourd’hui, nous le savons, les conditions pour une candidature commune de la NUPES aux élections européennes ne sont pas réunies. Mais notre appel, l’appel d’Alfortville, que nous adressons à tous, cela il est fort, plus fort que tous les autres. Parce qu’il est inédit. Il demande à tous nos vieux que nous voyons dans nos réunions, irresponsables, ceux qui nous disent que nous sommes trop différents. Nous leur disons : assumerez vous le choc, le désespoir d’une jeunesse qui est allée voter en 2022, mais qui n’irait pas en 2024 parce nous ne serons pas là.

 

Et pour vous donner ma conviction, qui est celle que partagent les Jeunes socialistes, c’est que rien n’est impossible, à partir du moment où tout le monde y met du sien. 

 

Chers camarades, j’y mettrai du mien, tout comme les Jeunes socialistes, comme je l’ai fait jusqu’à présent, et même au-delà !



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Historiquement, l’Union européenne a eu un projet « existentiel », celui qui a permis l’émergence d’une idée européenne, réunissant dans un élan commun les États : il s’agissait de la recherche de la paix. 

 

Après des centaines d’années où les différends de notre continent se réglaient dans le sang, dans la violence, il en a fallu de la force et du courage pour envisager la possibilité de lier nos destins et nous forcer à la coopération entre les peuples.

 

Ce projet de paix, nous avons peut-être collectivement cru qu’il avait réussi à s’installer et était devenu une évidence. Le fracas du 24 février 2022 nous a démontré le contraire ; nous a démontré qu’un peuple, qu’une nation souveraine du continent européen pouvait se faire envahir militairement par un autre pays frontalier.

 

À gauche, nous sommes héritiers des Lumières, de celles et de ceux qui ont pensé la libération de l’homme de l’asservissement de la monarchie, qui ont pensé la liberté individuelle, qui ont pensé l’autodétermination des peuples en concevant pour la première fois leur capacité à choisir leur destin par eux-mêmes. Ici, tous – et nous devons l’affirmer avec force –, nous nous tenons aux côtés de l’Ukraine ! Nous nous tenons aux côtés des Ukrainiennes, des Ukrainiens, de ces femmes et ces hommes qui refusent que leur destin soit volé par un dictateur impérialiste ! Qu’on se le dise, tous ici dans cette salle, ceci est un combat avec lequel la NUPES ne transigera pas ! 

 

Dans les mobilisations pour la liberté, sur le continent et même parfois au-delà, ce n’est pas le drapeau tricolore qui est brandit, mais bien le drapeau européen ! Loin de toute forfaiture démocratique, il est l’incarnation de ce projet « existentiel » de l’Union européenne : la paix des peuples, la démocratie et la liberté. Celui-là même qui est l’héritier de nos combats révolutionnaires en France.

 

Mais la recherche de la paix ne peut pas être le seul projet de l’Union européenne. Elle s’est approfondie, a touché de nouveaux pans de la société. Ce projet de paix est d’ailleurs concurrencé par celui des nationalistes, qui veulent d’une Europe civilisationnelle, d’une Europe des conservatismes. Le rapprochement que l’on constate entre la droite et l’extrême-droite européenne sont les témoins de la volonté de certains de donner une nouvelle existence à l’Union européenne, au détriment des peuples et au final de sa conception originelle. Ayant compris qu’ils étaient en capacité de se saisir de ce formidable outil qu’est l’Union, l’extrême-droite fait tout pour arriver à sa tête. Et si, camarades, l’extrême-droite arrivait à la tête de l’Europe l’année prochaine ? 

 

Force est de constater que toutes les digues sautent. Nous avons besoin d’une gauche unie, dans sa diversité, pour contrer les velléités de l’extrême droite. Nous aurons besoin d’une vision. 




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À ce projet qui constitue la colonne vertébrale de l’Union européenne doit s’adjoindre des politiques publiques, des ambitions pour l’Europe. Des ambitions pour l’Europe, mais plus précisément pour son peuple.

 

Aujourd’hui, je ne vous parlerai que de quelques unes de ces ambitions, qui peuvent dessiner celles sur lesquelles nous pourrons nous rejoindre entre organisations de jeunesse de la NUPES. 

 

Les difficultés financières, l’isolement, l’exclusion touchent tout le monde. C’est toute une partie de la population qui voit ses conditions de vie se dégrader, qui craint pour l’avenir. Parfois, elle rejette ses difficultés sur l’Union européenne, à tort ou à raison. Il demeure que l’Union ne fait que peu pour lutter contre la pauvreté. Aujourd’hui, sa priorité est le démantèlement des monopoles publics tels qu’EDF, mais elle n’arrive pas à éviter la constitution du monopole médiatique de Vincent Bolloré. Nous devons porter la reconnaissance d’un minimum de service publics au sein de l’Union européenne, qui seraient intouchables pour le privé, dont la gestion ne pourra jamais être mise au service du profit de quelques-uns. Je pense au train, aux aéroports, mais aussi à l’eau, à la gestion des forêts, à la sécurité, aux services d’assistance sociaux, à l’éducation. Nous devons sanctuariser le domaine d’intervention de la puissance publique sur certains services essentiels aux populations.

 

La folie du libre-échange dérégulé, nous ne pouvons plus la tolérer. Nous mettrons un terme au productivisme libéral, à la société de consommation qui épuise les hommes, les femmes et leur environnement.

 

Et d’ailleurs, allons plus loin que la seule défense de nos services publics nationaux respectifs : créons des services publics européens utiles aux gens. Créons un service public européen de l’audiovisuel, qui sera un véritable moyen de créer une conscience collective en Europe, qui participera à construire une communauté politique, qui établira des ponts entre les peuples. Créons un service public européen de l’énergie, pour lutter contre la précarité énergétique, à un moment où le marché est européen et les actions nationales ne peuvent être que de pauvres rustines face au poids des multinationales comme Total.

 

Car la transition écologique, ce n’est plus un choix. C’est une obligation. L’Union européenne s’en est saisi ces dernières années. Le Pacte Vert européen de 2020 est une avancée, mais est loin d’être suffisant pour répondre à l’urgence de la situation. Jeunes socialistes, jeunes de gauche, notre écologie n’est pas celle des privations. Elle ne s’acquiert pas en enlevant de la qualité de vie aux gens. C’est au contraire une écologie du vivre mieux, du progrès social ! Cette écologie du vivre mieux, nous devons en faire l’axe principal d’action de l’Union européenne. Elle touche tous les pans de la société : il nous faut rénover les logements, développer l’industrie décarbonée, faisons du ferroviaire le moyen de transport n1 sur le continent, taxons les entreprises polluantes.

 

Pour mener à bien cette réorientation écologique, nous aurons besoin de financements. Or, l’argent, chers camarades, nous savons où le trouver. Il se trouve dans les poches des grands profiteurs des crises. Des profiteurs du capitalisme dérégulé. Comme nous portons un impôt sur la fortune en France, portons un impôt sur la fortune en Europe !

 

Pour réussir à réorienter les priorités de l’Union européenne, faire passer l’humain et son environnement avant l’économie et les profits, nous devons faire de l’espace européen un espace bien plus démocratique qu’il ne l’est actuellement.

 

Nous ne pouvons oublier le rôle que s’est construit l’Union européenne dans la défense des droits fondamentaux, nous en parlions ce matin avec Arié Alimi. C’est aujourd’hui pour cela que l’Union européenne est un modèle dans le monde. Si ceux-ci avaient pu progresser en son sein depuis quelques décennies, ils sont en recul depuis plusieurs années, sous les pressions des conservatismes et des extrémismes religieux. Mais pas que : constatons simplement en France la dissolution des Soulèvement de la Terre par le gouvernement, qui constitue une atteinte terrible au droit d’association, d’expression et aux libertés individuelles ! La tendance est au resserrement des libertés fondamentales ; faisons de l’Union européenne le vigie de la protection de ces libertés.

 

Dans nos esprits, les droits fondamentaux ont cette particularité d’être universels. Nous considérons que ces droits fondamentaux doivent être défendus pour toutes et tous. Nous les défendrons partout. D’abord au sein de l’Union européenne, en installant des sanctions sans précédent envers les États qui ne respectent pas les principes de l’État de droit et des libertés fondamentales. 

Nous créerons un Défenseur des droits européens et nous permettront la saisine simplifiée de la Cour de justice européenne à cet effet. Pour protéger les droits, et notamment ceux des femmes, nous défendrons un principe général du droit à l’avortement, inscrit dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne !

 

La lutte contre toutes les discriminations, qu’il s’agisse du sexisme, du racisme, de la xénophobie, de l’homophobie ou de la transphobie, doit être érigée en combat de chaque instant de l’Union européenne. 

 

Et lorsque je parle de droits humains, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ces milliers de femmes, d’hommes et d’enfants qui ont péri ces dernières années sur les eaux, tentant de rejoindre le continent européen. Cessons de parler de crise migratoire ! C’est face à une crise de l’humanité que nous sommes actuellement confrontés, et c’est bien l’Union européenne qui en est à la source. L’inaction des États est une honte, celle de l’Union est inqualifiable. Unis à gauche, nous le disons haut est fort : chaque fois que l’Union abandonne un réfugié en mer, elle abandonne un bout de ses valeurs. 

 

Seuls quelques-uns sauvent l’honneur. Et je voudrais saluer à ce titre l’action du maire de Marseille, Benoît Payan, qui a encore rappelé hier, aux côtés de l’association SOS Méditerranée, que la ville et son port d’attache sera toujours ouverte à celles et ceux qui fuient la misère, la guerre, la torture, tout simplement la détresse et la mort.

 

Faisons de l’humanisme et de la défense des droits et de nos libertés, de la démocratie et de nos idéaux partagés de progrès, le centre de nos discussions autour d’un projet européen !

 

Chers camarades,

 

Voilà en bref quelques pistes sur lesquelles je vous propose de travailler collectivement dans le cadre de ce forum européen des Jeunes de la NUPES. Chers camarades insoumis, écologistes, Générations. Vous paraissent-elles inconcevables ? (…) Voilà !

 

Nous venons chacune et chacun avec de belles idées en tête, avec une vision, des valeurs, un attachement à nos combats communs de gauche. Peut-être sommes-nous naïfs parce que nous croyons encore en la pureté des convictions qui guident les actions politiques. Mais jamais nous n’abandonnerons notre espoir de faire changer les choses. Face à ce qu’on nous dit être l’inéluctable, nous viendrons étonner la marche tranquille des choses. 

 

Victor Hugo disait au peuple en 1849 « Ne soyons plus anglais ni français ni allemand. Soyons européens. Ne soyons plus européen, soyons hommes. Soyons l’humanité. ». Ce qu’il disait, nous le croyons encore, mais ce que nous disons aussi, c’est “Soyons écologistes, soyons insoumis, soyons communistes, soyons socialistes. Mais soyons aussi le peuple, l’humanité, soyons la gauche.”

 

Vive l’union,

Vive la République,

Vive la France,

Et vive l’Union européenne !