Dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024, la tyrannie dynastique vieille de 54 ans des Assad a pris fin.
Depuis environ deux semaines, une offensive éclaire menée par de nombreux groupes rebelles composites, notamment ceux du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ancienne branche d’Al Qaida, a conduit à la totale déroute de l’Armée Arabe Syrienne, fidèle à Bachar Al Assad. Région après région, ville après ville, les troupes gouvernementales ont été mises en déroute dans des combats sporadiques. D’abord Alep, puis Homs, et enfin la capitale Damas cette nuit, ont été libérées du joug du gouvernement. Partout des scènes de liesses ont éclaté, partout la même joie de voir tomber les statues et les portraits à l'effigie des Assad, père et fils. Lâché par ses alliés russes et iraniens, Bachar Al Assad est, quant à lui, en fuite.
Depuis le Printemps Arabe en 2011, ce sont 300.000 civils (estimation du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies datant de 2022) qui ont été victimes de la répression de Bachar Al Assad. Que ce soit par les bombes, par les assassinats ciblés ou les meurtres en prison, nombre de victimes du “boucher” sont encore anonymes. La tyrannie sanglante des Assad depuis 1970 a été basée sur les massacres, sur la torture systématique et la répression de toute voix dissonante à celle du régime. Les images bouleversantes de l’ouverture des geôles de la prison de Sednaya, à Damas, témoignent de l’horreur indescriptible vécue par des milliers de Syriens et de Syriennes.
Enfin, nous n'oublierons jamais les milliers de morts gazés au chlore et au gaz sarin, employés à plusieurs reprises, comme lors du massacre de la Ghouta dans la banlieue de Damas, en 2013. Il n’y a sûrement pas d’infamie plus grande que celle de gazer les enfants de son propre peuple, et ces images doivent rester gravées dans nos mémoires.
N’oublions pas non plus, tous ceux qui, en France et dans le monde, de gauche comme de droite, ont montré une certaine complaisance à l’égard du régime d’Assad. Certains mots, certains actes, ne s’effacent pas.
Une page noire se tourne pour la Syrie, tandis qu’une nouvelle, vierge, s’ouvre. Il incombe désormais au peuple syrien de pouvoir déterminer son avenir. Après la chute du régime Assad, une attention particulière doit être portée aux Kurdes, dans leur diversité, fers de lance de la lutte contre Daech, et assurer aux chrétiens une place dans une Syrie démocratique et plurielle. Malgré les déclarations du groupe HTC concernant une prétendue volonté de construire un régime fondé sur des institutions civiles et la protection des minorités religieuses, il est essentiel de rester vigilant face au risque que la Syrie tombe sous le contrôle d’une nouvelle milice islamiste, avec toutes les dérives que cela pourrait entraîner, comme d’autres pays avant elle.
Tout doit être fait pour qu’émerge en Syrie un nouveau régime, qui réponde aux aspirations laïques et démocratiques qui furent au cœur des revendications premières de la Révolution syrienne en 2011. Dans le contexte d’un Moyen-Orient en proie au chaos et au règne des extrémistes et de la haine, il existe désormais une opportunité en Syrie de voir naître un régime qui tranche à la fois avec le sanglant système Assad et avec l'islamisme.
Par Cyprien Asseh et João Martins Pereira (Secrétaire National à l'International).
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